Motivation au travail

L’impact des conflits sur la motivation, l’engagement et la performance au travail

Les conflits sont inhérents aux dynamiques organisationnelles, mais leurs répercussions sur la motivation des employés, leur engagement au travail et leur performance peuvent être considérables. Dans cette veille, nous présentons une typologie des conflits les plus fréquents en milieu de travail, leurs impacts sur les employés, ainsi que des stratégies d’atténuation adaptées à chaque type de conflit.

1. Conflit interpersonnel

Le conflit interpersonnel survient entre deux individus, souvent à cause de divergences de valeurs, d’objectifs ou de styles de travail. Ce type de conflit détériore le climat de travail, provoque du stress et accroît le désir de retrait ou de départ (Iqbal & Raja, 2023). Il est un facteur important de désengagement et de rotation du personnel, surtout lorsqu’il implique un superviseur direct. Les conflits interpersonnels entraînent également une diminution de la satisfaction au travail et de la performance individuelle (Alma’Arif et al., 2022), ainsi qu’une résistance accrue aux directives managériales et une perte d’adhésion à la mission de l’organisation (Simanjuntak et al., 2023). En contexte conflictuel, l’intensité des tensions interpersonnelles altère la coopération et la qualité des communications, réduisant de ce fait la productivité.

Il est recommandé d’instaurer des procédures claires, comme des comités de médiation internes ou des séances de résolution de conflits encadrées, afin de gérer efficacement les désaccords. En parallèle, encourager des pratiques comme les rencontres d’équipe régulières, l’écoute active et les formations en communication bienveillante. Ces mesures permettent de prévenir les tensions et de maintenir un climat de travail sain.

2. Conflit intrapersonnel ou de valeurs

Le conflit intrapersonnel désigne une tension interne vécue par un employé lorsque ses valeurs, ses aspirations ou ses rôles sociaux entrent en contradiction avec ses responsabilités professionnelles (Simanjuntak et al., 2023). Cela se manifeste notamment chez les employés assumant des rôles multiples (ex. : responsabilités professionnelles et familiales), générant du stress chronique et une baisse de la motivation intrinsèque. Ce conflit est fortement lié à une augmentation de l’anxiété, à une perception d’inefficacité personnelle et à une désorganisation mentale pouvant aller jusqu’au retrait affectif et cognitif du poste (Iqbal & Raja, 2023). Il nuit ainsi à l’engagement de l’individu envers ses tâches et à son alignement avec les objectifs organisationnels (Sari et al., 2022).

Il est recommandé de mettre en place un service de soutien psychosocial, comme l’accès à un professionnel en milieu de travail ou un programme d’aide aux employés (PAE), et proposer des mesures concrètes de conciliation travail-vie personnelle. Par exemple la flexibilité des horaires, le télétravail ou des congés pour raisons familiales contribue à réduire les sources de stress et les conflits entre collègues ou avec la hiérarchie.

3. Conflit intergroupe

Ce type de conflit émerge entre deux ou plusieurs équipes ou départements. Il est alimenté par des objectifs contradictoires, une mauvaise coordination ou une compétition excessive pour des ressources. Le conflit intergroupe engendre une fragmentation organisationnelle et une perte de confiance mutuelle entre les unités concernées, affaiblissant ainsi la collaboration transversale (Lang et al., 2024). Le conflit intergroupe accentue également les dynamiques de « silos » (mode de fonctionnement où les départements, équipes ou individus d’une même organisation travaillent de manière isolée), réduit l’harmonisation des efforts et contribue à une baisse de la performance globale, en raison de l’inefficience dans la circulation de l’information et la duplication des efforts (Unguren & Arslan, 2021).

Il est recommandé de mettre en place des projets interservices, où plusieurs départements collaborent autour d’un même mandat ; fixer des objectifs communs clairement définis, et valoriser un leadership transversal — c’est-à-dire encourager les gestionnaires à coopérer au-delà de leur service. Ces mécanismes sont des leviers efficaces pour renforcer la cohésion, améliorer la coordination et ainsi prévenir les conflits liés aux silos organisationnels ou aux rivalités de pouvoir.

4. Conflit de rôle

Le conflit de rôle découle d’instructions contradictoires ou d’une ambiguïté des responsabilités. Il est l’un des facteurs majeurs de stress organisationnel (Rizzo et al., 1970). Ce type de conflit est fortement associé à une baisse de satisfaction au travail, à une surcharge cognitive et à une perte d’initiative. Les recherches indiquent qu’il génère aussi une faible estime de soi, une anxiété élevée et une intention accrue de quitter l’organisation (Jackson & Schuler, 1985). Il compromet l’efficacité opérationnelle, surtout lorsque les rôles ne sont pas clairement définis, et que les attentes divergent entre plusieurs niveaux hiérarchiques.

Il est recommandé de préciser les responsabilités de chaque employé à l’aide de descriptions de poste claires ; d’éviter les chevauchements de rôles en définissant les zones de coordination entre équipes ; et instaurer des rencontres régulières entre gestionnaires et employés pour faire le point sur les attentes et les priorités. Ces points permettent de limiter les malentendus et tensions liés à l’ambiguïté ou au conflit de rôle.

5. Conflit de pouvoir ou d’autorité

Ce conflit survient lorsqu’il y a une lutte pour l’influence, l’accès aux ressources ou la reconnaissance dans l’organisation. Il est souvent exacerbé par une gouvernance centralisée ou un leadership autoritaire. Ce type de conflit suscite un sentiment d’injustice, diminue la motivation des équipes, altère la confiance envers les dirigeants et affaiblit la loyauté organisationnelle (Bhatia et al., 2025). Il est également lié à une érosion de l’engagement psychologique et peut induire un climat de rivalité contre-productif, où les décisions sont bloquées par des jeux de pouvoir (Simanjuntak et al., 2023).

Il est recommandé d’instaurer un leadership participatif et transparent, en impliquant activement les employés dans les processus décisionnels. En assurant une répartition équitable des ressources et en expliquant clairement les critères des choix organisationnels, cette approche permet de prévenir les ressentiments et de canaliser les conflits potentiels vers des discussions constructives et productives.

Graphique 1 : Impact organisationnel et facilité de résolution des principaux types de conflits au travail

Graphique motivation

Le graphique 1 radar compare l’impact organisationnel de cinq types de conflits à leur facilité de résolution (voir méthodologie). Il permet d’identifier les écarts entre l’intensité des effets négatifs sur le fonctionnement de l’organisation et la capacité perçue à y remédier. Les conflits interpersonnels et de rôle se distinguent par un impact très élevé (note 5), ce qui en fait des priorités d’intervention. Toutefois, leur résolution est jugée modérément accessible (note 4), suggérant qu’ils nécessitent des approches ciblées et bien structurées. Les conflits de pouvoir représentent un enjeu important (note 4), mais apparaissent comme les plus difficiles à résoudre (note 3), en raison des dynamiques hiérarchiques et politiques souvent sous-jacentes. Quant aux conflits intrapersonnels et intergroupes, leur impact est jugé intermédiaire (note 4) et leur résolution modérément faisable (note 3), ce qui les rend propices à des stratégies de prévention ou de régulation continue.

Par ailleurs, la gestion des conflits en milieu de travail ne peut se limiter à des interventions isolées ou symptomatiques. En effet, les différents types de conflits ne sont pas cloisonnés. Ils interagissent, se renforcent et s’enchevêtrent souvent dans des dynamiques complexes. Un conflit mal résolu à un niveau peut migrer ou se répercuter sur un autre, créant ainsi un engrenage qui affecte durablement la motivation, l’engagement et la performance des équipes. C’est pourquoi toute tentative de résolution efficace doit tenir compte des interdépendances entre tous les conflits existants. En outre, les non-dits dus au biais de désirabilité sociale devraient être pris en compte lors des mesures desdits conflits (Lire cet exemple).

Le Groupe Galah s’inscrit justement dans cette logique systémique. Il met à la disposition des organisations des outils d’analyse et d’accompagnement capables d’identifier les conflits sous-jacents, de cartographier leurs interactions, et de proposer des solutions adaptées aux réalités de terrain.

Méthodologie de scores des impacts organisationnels

5 — Facteur mentionné de manière forte, directe, avec un lien clair à la motivation dans les documents.

4 — Facteur souvent mentionné, avec une influence claire mais parfois secondaire.

3 — Facteur présent mais moins central ou évoqué de façon indirecte.

2 ou moins — Facteur très peu ou pas abordé.

Méthodologie de scores de facilité de résolution

5 — Mise en œuvre très rapide, peu coûteuse, avec très peu de résistance organisationnelle.

4 — Mise en œuvre assez rapide, nécessitant un coût modéré et un minimum de coordination organisationnelle.

3 — Mise en œuvre impliquant un changement culturel partiel, un budget plus élevé ou des ajustements organisationnels complexes.

2 — Mise en œuvre difficile, demandant des changements structurels importants, un coût élevé et pouvant entraîner une forte résistance interne.

1 — Mise en œuvre très difficile, nécessitant un changement systémique majeur ; très coûteux, long et risqué.

Références

Identifiez les niveaux de conflit dans votre environnement de travail.

Au terme de notre évaluation, vous recevrez un rapport et des recommandations.